mardi 16 septembre 2008

jeudi 24 juillet 2008

COMMUNIQUE DE PRESSE

« Exposition « E : une tentative de description ».

Prochainement, nous investirons un espace d’exposition autour deux axes de recherche.
L’une a trait à l’architecture.
L’une à l’aspect audiovisuel et aux principaux constituants d’un récit cinématographique, décor ou scénographie, script ou scénario, voix off, costumes,
Accessoires etc…
Dans une première salle, le spectateur observera deux maquettes de béton gris posées sur des tréteaux, confrontées à des retranscriptions sur toile de fiches de spécifications techniques architecturales trouvées sur Internet.
Notons que les deux sculptures en bois et béton gris représenteront à l’échelle 1/100 des espaces urbains fictifs : maquette d’un skate park, maquette d’une université américaine fictive ou en devenir dans l’esprit des théories de l’architecture « dé constructiviste « : « Thom Mayne, Tschumi » considérant plus les espaces pétris d’usage et de symboles, les codes de représentation et les signes produits que leur stricte réalité fonctionnelle
Dans une seconde salle plus vaste, le spectateur distinguera l’ossature modulaire d’une charpente de Jean Prouvé , un volume circulaire de plexiglas bleu transparent, de 3 m de diamètre, des cabines d’écoute audio diffusant des sons d’ambiance spatialisés, plus loin non loin d’un lès de tapisserie au motif répétitif et insistant, comparable à celui qui apparaît dans Vampyr de Dreyer, qui épousera les trois quart des murs de la pièce, il découvrira une espèce d’appartement modèle ajouré sur deux angles d’une dimension de 4 mètres par 4.
Description de l’appartement cubique : moquette bleue, murs tapissés, accroché un petit dessin encadré, représentant l’ensemble de l’exposition dessiné en perspective bi-frontale. Un bureau trois chaises. Une lampe stylisée plus grande que nature posée sur le bureau.
Sur le lès de tapisserie, à hauteur de regard, seront accrochés bord à bord deux écrans plasmas diffusant deux films différents d’une durée de 10 mN diffusant rythmiquement des détails d’un journal d’une actrice fictive scannés confrontés à un film vidéo montrant une actrice filmée dans l’ espace clos, de notre appartement témoin.
L’ensemble relevant plus d’une interrogation sur l’architecture sur ses référents, sur l’espace qu’elle génère en tant décor ou support d’une rêverie subjective aux traits fictionnels et cinématographiques de deux créateurs, relevant sans nul doute du concept freudien dit de l’inquiétante étrangeté 2.

1 Hal Foster in l’Epoque, la morale, la passion, Centre Georges Pompidou : Paris, 1987.
2. Sigmund Freud, « l’inquiétante étrangeté », in L’Inquiétante étrangeté et autre essais, Paris, Folio Essais, 1997, p.239.

Jocelyn Le Creurer, 09 juillet 2008 à Paris.

ARTICLE RICHARD CREVIER SUR EXPOSITION PARIS VIII

Au sujet de « TERRITOIRES-TERRITORIES », Université Paris VIII, du 12 au 19 mars 2007, pa
r RICHARD CREVIER, professeur de philosophie de l’art d’origine canadienne, traducteur de Noam Chomsky.


Jocelyn Le Creurer et David « Helmet » Le Métayer sont des hommes à projets, très actifs. Du 19 au 27 mars 2007, ils ont exposé dans la galerie de l’université Paris VIII à Saint-Denis des photos de fragments de bâtiments modernes et postmodernes – des fenêtres, par exemple, qui prennent, ainsi traitées, une monumentalité métaphorique et métonymique, la partie faisant apparaître mentalement la totalité absente. Cette dialectique de la présence et de l’absence est tellement simple que l’on pourrait penser à première vue à un exercice de réalisme photographique répondant en tous points aux exigences du médium. Ce l’est, mais c’est aussi autre chose. Le choix conceptuel de tels ready-mades implique un processus de décision soigneusement mûri. Le fragment a une factualité dont l’immédiateté même n’est que le négatif d’un contenu historique, culturel et symbolique, d’une sorte de hors champ situé au cœur même de l’objet et qui lui confère ce que l’on pourrait appeler une « aura », signifiée par une coloration de l’image, sorte de tamis lumineux opérant la fusion du proche et du lointain, le choc du présent et du passé, la rencontre inopinée de la Chose et de l’Idée sur une table de dissection mentale.
Dans des projets en cours, encore à l’état de dessins préparatoires, Le Creurer et Le Métayer, l’homme des sables et l’homme de la glèbe, explorent certaines propriétés plastiques, formelles et conceptuelles de médiums hétérogènes en mettant ces derniers en relation au sein de dispositifs visuels complexes dans lesquels il entre de la photographie d’architecture, des objets sculpturaux, des espaces fictifs et démultipliés en lieux nouveaux, inédits, en compounds qui défonctionnalisent chaque élément, mais c’est pour le refonctionnaliser dans un même mouvement au moyen d’un curieux bougé ou retournement de perspective, comme on dit d’un gant – ce qui suppose une grande maîtrise technique ; sur le papier, le concept est d’une cohérence parfaite, tout étant question de volume, d’échelle et de rythme, la solution résidant dans la diversité des formes-objets, leur scénographie, l’intrusion d’éléments dissonants (éclairages, son, objet énigmatique, etc.).
Avec ces réserves toutefois que l’échelle risque de créer une fausse théâtralité et que les volumes en dur, et non plus seulement dessinés, sont susceptibles de poser de difficiles problèmes architecturaux en raison de la nécessaire ambiguïté des perspectives, plus facile à rendre de manière illusionniste (sur la feuille) que in concreto. Il ne s’agit plus de créer l’illusion d’une troisième dimension sur une surface plane, mais de créer une bidimensionnalité illusoire dans un espace tridimensionnel. Il le faut, car c’est cette inversion qui déplace la perception, qui produit un espace d’exposition « virtuel ». C’est ici que divers matériaux plus ou moins transparents et/ou réfléchissants entrent en scène.
Enfin, j’ajouterai que la mixité de médiums bidimensionnels et tridimensionnels implique que le passage d’une dimension à une autre relève, si l’on peut dire, d’une logique constructiviste et dadaïste à la fois, la négativité de l’objet perturbateur servant de charnière, de médiation évanescente entre des plans différents qui passent l’un dans l’autre comme s’ils s’étaient dématérialisés.

Richard Crevier, le 20 mars 2007.